Lombres

Mais ou croyez-vous donc que se retrouvent les déchets et débris de Londres ?

Mais à Lombres  bien sur !

Deeba et Zana, deux jeunes filles se retrouvent propulsées bien malgré elles à Lombres dans une dimension parallèle. Zana est la « schwazzy » celle dont le grimoire parlant assure qu’elle viendra sauver Lombres, Deeba elle n’est que l’amie de Zana. Dans cette ville, où tout ce qui est obsolète est regroupé  et recyclé pour y retrouver une seconde existence,  elles vont tenter d’apporter leur concours aux lombriens pour combattre le Smog ce redoutable ennemi toxique qui menace la cité. Elles y croiseront des barapluies, des poubanzaï (poubelles spécialisées en arts martiaux), d’innombrables édifices de bric et de broc, des mots animés et des créatures plus extraordinaires les unes que les autres. La vraie richesse de ce roman, outre que Miéville casse rapidement les codes du genre pour rentrer dans un univers très onirique, c’est surtout la présence des personnages secondaires que l’on y côtoie. C’est d’ailleurs un artifice dont il use un peu trop. A force de rencontrer de plus en plus de personnages et de multiplier les pistes on arrive à s’y perdre un peu et le rythme du roman s’en retrouve fortement ralentit. Fort heureusement China Miéville ne tombe pas dans le piège de la mièvrerie et  bon nombre de personnages disparaissent pour ne plus jamais revenir. Car Lombres est impitoyable ! Et le Smog plus redoutable encore qui s’enivre de l’essence de chaque chose pour se l’approprier à tout jamais.

Ce qui fait également l’agrément du livre, et pour certains sa faiblesse, c’est évidemment tout le soin qu’il met à décrire avec moult détails les différents quartiers de Lombres, prenant évidemment beaucoup de plaisir d’écriture dans cette fantasy urbaine. Ceux qui ont arpenté Londres ne sauraient se dispenser de cette peinture urbaine.Un petit regret toutefois, les jeux de mots et les effets d’écriture manquent parfois un peu de relief, je serais curieux d’avoir un avis d’une lecture en version originale.

La catégorie jeunesse où est classée ce roman pourrait tout à fait être modifiée en une catégorie plus adolescente ou adulte car en bon roman de China Mieville  si la question politique n’est jamais très loin, s’y ajoutent avec talent la fantaisie, l’absurde, la poésie et l’émotion qui n’ont pas été sans me rappeler à certain moment Boris Vian grand sculpteur de mot devant l’éternel et tout le mouvement surréaliste. Sans oublier les dessins de l’auteur himself qui donnent plus de profondeur à son œuvre.

Miss Chiffonnette l’a apprécié, ainsi que Laurence et Lael

Lombres de China Mieville, Trad Christophe Rosson

Titre original Un Lun Dun

636 pages, Editeur : Au Diable Vauvert (22 octobre 2009) ,Collection : JEUNESSE, ISBN-10: 2846262144, 20 €

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