Bad Monkeys – Matt Ruff

Jeanne-Charlotte vient de se faire arrêter pour meurtre. Ses premiers aveux la conduisent tout droit dans l’aile psychiatrique de la prison ou elle est interrogé par le Dr Richard Vale. En effet ses propos, pour le moins abracadabrantesques ( je n’ai pas pu m’empêcher !) rapportent qu’elle appartenait à une organisation secrète chargée d’éradiquer le mal dans le monde et plus particulièrement de neutraliser les personnes malfaisantes (du genre qui font du mal aux enfants) les bad monkeys . Le psychiatre va donc tenter de démêler le vrai du faux et Jeanne-Charlotte va dérouler son histoire personnelle, un peu sordide au demeurant, entrecoupant des épisodes de vie assez banals par des irruptions de « l’organisation » qui viennent bouleverser de fond en comble son existence quotidienne.
Très rapidement nous savons que sa vie à basculé le jour où son jeune frère de dix ans dont elle avait la garde a disparu. Rejetée par sa mère, avec un père aux abonnés absents, elle va par la suite essayer de se construire un semblant de vie équilibrée sans grand succès. C’est sans compter sur sa foi en « l’organisation » qui après plus de vingt ans fait appel à elle pour enfin endosser son costume d’héroïne « redresseuse » de torts. Et attention par n’importe laquelle non, mais de celle qui dispose de somptueux gadgets comme ce pistolet ressemblant à un pistolet à eau mais qui à la particularité de provoquer des crises cardiaques. Bien pratique pour ne pas attirer l’attention sur soi.
Le Dr Vale se pose des questions et essaie de comprendre un peu plus Jane Charlotte. Il va patiemment éplucher les archives, les rapports de police  pour tenter de retrouver des éléments du récit de cette femme et essayer de démêler le vrai du faux après vérification, plusieurs détails vont se révéler troublants. A commencer par des éléments non divulgués dans la presse, connus des seuls policiers et que JC ne devrait pas pouvoir connaitre à moins d’avoir été témoin de la mort de ces personnes.

Troublante histoire que Bad Monkeys où le lecteur est ballotté de droite à gauche cherchant désespérément à s’accrocher à une réalité qui s’effiloche de pages en pages. Il s’agit aussi d’un véritable thriller, lorgnant vers le fantastique grâce à la fameuse « organisation » et ses gadgets désopilants (avec des gros clins d’yeux à Blade Runner et 1984) et même un thriller psychologique par l’entremise de Jeanne-Charlotte dont on ne sait plus si elle est complètement schizophrène ou non.
J’ai pour ma part trouvé ce livre plutôt original, parfois brillant mais dont l’histoire perd un peu de ressort sur la fin (qu’il faut lire, si, si) et ceci freine un peu mon enthousiasme.

Bad Monkeys est un drôle d’objet livresque qui pourra contenter toutes celles et ceux qui veulent sortir des sentiers battus.

Matt Ruff
Bad Monkeys
10/18 trad Laurence Viallet
ISBN 978-2-264-05109-7
300 pages